Comme toujours en pareil cas aux premières prédations, personne ne veut croire à la présence du loup. L’administration fait toujours repousser la vérité et la réalité pour ne
pas indemniser et pour vivre tranquille sans avoir à rendre de compte aux éleveurs victimes de prédations et les écologistes veulent éviter d’avoir à affronter une hostilité
légitime des éleveurs sinistrés. Du coup on fait semblant de croire que c’est un chien ou un renard. En fait, on prend systématiquement les éleveurs pour des demeurés ou des
menteurs. La règle du mensonge écologique est une constante. Le refus de voir la vérité en face est culturel dans ce milieu qui tente de faire vivre un rêve à tout le monde.
Mais ceci n’a qu’un temps…
Plusieurs attaques de troupeaux depuis le début du mois d'avril touchent le massif vosgien. Près de 70 ans après son éradication dans le département, les éleveurs accusent la présence d'un loup, responsable de ce vent de terreur semé dans les communes de Ventron et la Bresse. Le bilan est à ce jour de 36 victimes: 35 agneaux et un poulain. Les morsures, perforations et saignées constatées sur les dépouilles étaient les premiers indices d'un retour possible de ce prédateur. A ces chiffres, les éleveurs ajoutent celui des bêtes effrayées qu'ils n'ont pas retrouvées.
Mais depuis ce mercredi, les éleveurs ont un nouvel argument pour appuyer leur thèse: la publication d'une photographie de l'animal, en une de L'Est Républicain. Ce cliché représente un animal, de dos, pris par l'objectif grâce à un piège photographique, dans le Canton de Gérardmer. La diffusion de l'image a été accompagnée d'un avis de l'équipe d'Eric Marboutin, coordinateur des études loup et lynx au sein de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS réseau loup-lynx), qui a expertisé les attaques: "Même si cette photographie ne permet pas de voir un masque facial blanc, qui est une caractéristique typique du loup, apparaissent un pelage contrasté entre partie dorsale grisâtre et ventrale plus claire, une queue portée dans le prolongement du corps et des oreilles assez courtes." Ces détails permettent d'affirmer que "la conclusion la plus rationnelle par rapport à ce cliché, est qu'il s'agit d'un loup". De plus, selon les conclusions de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, sur les onze attaques, l'éventualité d'un loup ne peut être exclue pour neuf d'entre elles.
Crotte de renard
Toutefois, pour Pascal Horiot, auteur d'un site de défense des loups le pelage du présumé canidé pourrait plutôt se rapprocher de celui d'un chien-loup de Saarloos. Photos à l'appui, il rappelle sur son site que "la race fut créée par l'homme par croisement entre une louve de Sibérie et un berger allemand".
A ce jour, les seules traces génétiques analysées ont été prélevées sur le site de Ventron. La crotte et la touffe de poils retrouvées sur le terrain ont cette fois-ci conduit l'Office à identifier... un renard.
Les doutes persistent donc quant à la véritable nature de "la Bête des Vosges" version 2011. Le département avait déjà connu une autre série d'attaques sanglantes sur des ovins à la fin des années 70. Les rumeurs les plus folles ont alors circulé, mais le mystère n'a jamais été élucidé.
En attendant, face à la gronde des éleveurs, le Préfet des Vosges a décidé d'indemniser les cinq éleveurs concernés sur la base d'un barème national, détaille le site de la préfecture des Vosges. Il leur a adressé un courrier afin de leur expliquer la procédure ainsi que le montant de l'indemnisation et les recevra ce jeudi 23 juin en Préfecture.
Auteur: Alexandre Simonet (avec AFP)
Source: L'Expresse du 24/06/2011