Voir un loup dans le massif du Puigmal dans les Pyrénées-Orientales n’est pas un véritable scoop. Nous savons qu’il en existe et qu’ils se dispersent sur tout le territoire après avoir été lâchés dans des réserves du bas Conflent. Quant à les voir, si c’est rare en Cerdagne par un vacancier de la Meuse, c’est malheureusement banal pour beaucoup d’éleveurs et bergers des Alpes du Sud. Ce qui est choquant dans cette observation c’est surtout le récit ci-dessous de Jean Charles Grange et quelques commentaires de la journaliste.
Si le récit de ce chasseur de papillons à Radio France Bleu Roussillon n’appelle aucune observation, celui fait aux journaux locaux frise l’indécence.
Contrairement à ce que laisse penser la journaliste, il n’est pas nécessaire de disposer «d'une autorisation fournie par un agent de l'ONF» pour se balader dans le massif du Puigmal même si certains rêvent de tout interdire et de tout soumettre à autorisation préalable.
Le cri d’alerte des marmottes à 20h30, cela peut surprendre. Tout comme le face à face qui montre, une fois de plus, que le loup ne fuit pas l’homme. Il ne se cache pas vraiment même s’il reste sur ses gardes. On peut comprendre que cette observation émerveille ce vacancier de la Meuse. Il pourra, très rapidement, faire bénéficier son département de son expérience puisque le loup y est présent. Mais dans l’hypothèse où il rencontre un loup dans la Meuse aurait-il la même appréciation de la situation que dans les Pyrénées?
En effet, notre chasseur de papillons dit: «Mais en même temps, j'étais inquiet à l'idée de parler de cette rencontre». Inquiet de quoi? De passer pour un clown aux yeux des écologistes qui, à chaque fois qu’un éleveur fait état d’une observation la conteste systématiquement? Et bien non! Il dit:
«…je suis allé au parc national du Mercantour, et plus récemment à Oust, dans l'Ariège, où certains esprits primaires ont de gros soucis avec la biodiversité en général. J'ai beaucoup entendu les anti-ours, les anti-loups et leurs discours que je trouve rétrogrades…»
Ainsi, aux yeux de cet entomologiste de la Meuse, probablement amateur, se plaindre des prédations de loups et ours sur des brebis, ânes, vaches, veaux, chevaux, chiens…. Et de la destruction d’un outil de travail c’est avoir «un esprit primaire», de «gros soucis avec la biodiversité», «un discours rétrograde».
La biodiversité apliquée à la montagne - La biodiversité dans les Pyrénées
Insultant, humiliant, ne souhaitons pas à ce personnage d’avoir un jour un problème avec les grands carnivores. Ces propos sont particulièrement significatifs de l’expression d’une haine à l’égard de ceux qui souffrent le plus des fantasmes d’une poignée d’individus sectaires et égoïstes qui pensent avant tout à leur satisfaction personnelle par une rencontre de «quelque chose de merveilleux, d'exceptionnel, une rencontre soudaine, intense, une grande émotion».
Beaucoup d’éleveurs et bergers rencontrent des loups régulièrement, voir même, pour certains, presque tous les jours. Pour eux, cela n’a rien de merveilleux. Et l’émotion n’est pas la même que pour ce chasseur de papillons. Une telle rencontre est souvent significative d’un nouveau malheur.
Tandis que Jean-Charles Grange, chasseur de papillons de la Meuse, dort paisiblement dans son lit toutes les nuits et prend des vacances avec sa petite famille à la recherche de papillons, de nombreux éleveurs et bergers ne dorment pas, surveillent jour et nuit, souvent avec un fusil, pour tenter de protéger leur bien. Mais ces éleveurs et bergers ont «un esprit primaire», de «gros soucis avec la biodiversité», «un discours rétrograde».
Discours minable et lamentable. Qu’on se le dise dans la Meuse pour aller expliquer à Jean-Charles Grange ce qu’est le développement durable mais aussi dans quels milieux, quelles conditions et grâce à qui il peut trouver des papillons, notamment en Cerdagne.
Louis Dollo, le 8 août 2014
Photos de Jean-Charles Grange
C'est une rencontre rare. Qui n'aura pas duré plus de quelques minutes. Mais qui restera gravée à jamais dans la mémoire de Jean-Charles Grange, de son épouse et de leurs enfants âgés de 10 et 13 ans. Car même si Jean-Charles a l'habitude de la nature, c'est plutôt vers de plus petites bêtes que sa passion le pousse: les papillons…
Membre de l'Association roussillonnaise d'entomologie, Jean-Charles Grange vient régulièrement dans les P.-O. pour y inventorier les espèces locales. C'est ainsi que le 24 juillet dernier, muni d'une autorisation fournie par un agent de l'ONF, il se trouvait au Puigmal, avec son épouse et ses enfants. "C'est une zone peu fréquentée, dont le biotope m'intéressait particulièrement. Alors que nous avions passé la journée sur le sommet, peu après 20 h 30, nous revenions dans le virage, vers la station d'épuration, où je souhaitais passer la soirée pour observer les espèces nocturnes. Arrivés à 150 mètres, soudain, le cri des marmottes a retenti. On s'est demandé ce qui leur prenait lorsque tout à coup, alors que nous approchions du vallon, nous avons vu un loup détaler, tambour battant, à une vingtaine de mètres de nous! J'ai dit aux enfants: 'Ne bougez pas!'. Mon épouse avait l'appareil photo autour du cou, par chance avec un bon objectif 24-600, elle a fait une photo, mais comme elle était un peu pétrifiée, j'ai repris l'appareil et fait d'autres clichés. Il était caché entre deux pins et nous a observés durant 20 à 30 secondes. Et puis il a disparu".
Une rencontre fugace, dont ne se sont pas encore tout à fait remis les Grange. "Cela nous a émerveillés. Mais en même temps, j'étais inquiet à l'idée de parler de cette rencontre. Attention, à aucun moment nous ne nous sommes sentis en danger! Mais pour mes inventaires, je suis allé au parc national du Mercantour, et plus récemment à Oust, dans l'Ariège, où certains esprits primaires ont de gros soucis avec la biodiversité en général. J'ai beaucoup entendu les anti-ours, les anti-loups et leurs discours que je trouve rétrogrades… Je veux dire, s'il y avait plus de personnes comme eux en Afrique, il ne resterait plus beaucoup d'animaux sauvages sur ce continent! Mais finalement, puisqu'il n'y a pas eu d'incident dans les Pyrénées-Orientales depuis maintenant quinze jours, je me dis que cela accrédite mon discours…".
Auteur: Barbara Gorrand
Source: L'Indépendant du 8 août 2014
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"J'avais prévu de faire une chasse nocturne aux insectes et c'est en redescendant, dans un lacet qu'on s'est retrouvés fortuitement nez à nez avec ce loup. Y a une masse qui est partie devant nous à une vingtaine de mètres, très vite et quand je l'ai vue qui remontait j'ai dit "c'est un loup, c'est un loup", y avait pas de doute. Mon épouse avait l'appareil autour du coup, donc elle a pu prendre le premier cliché quand il monte la pente. Quant il s'est senti un peu plus en sécurisé, il s'est mis entre deux petits pins pour nous observer et là j'ai pu immortaliser l'instant.
Ça restera à tout jamais dans nos mémoires, quelque chose de merveilleux, d'exceptionnel, une rencontre soudaine, intense, une grande émotion."