Comme pour la vallée d’Aspe et le Somport, la passion dépasse parfois la raison et le dialogue disparaît. Dans cette affaire du site d'escalade de Vingrau, il semble que ce qui est passionnel pour les uns est pure technique pour les autres pouvant dépasser le débat passionnel pour partager et dialoguer dans un esprit d’économie raisonnée et de développement durable.
Suite à la présentation de l’ouvrage Le Pot de Terre, la démocratie baffouée, Roger Lunel, auditeur ISO 14001, nous fait part ci-dessous de ses observations sur un sujet qu’il connaît bien. En lui laissant la parole, vous avez la possibilité d’apprécier les points de vue de chacun en toute liberté.
Il ne s’agit pas ici de relancer un débat et d’attiser le conflit mais d’exposer deux points de vu aussi respectable l’un que l’autre: d’un côté un ouvrage retraçant le combat de toute une région et de l’autre un technicien qui s’exprime en toute liberté et toute indépendance.
"En qualité d'auditeur des systèmes de management de l'environnement selon la norme ISO 14001, je suis intervenu sur le site de Vingrau qui est labellisé, car d'énormes efforts techniques ont été mis en oeuvre pour réduire les impacts dus d'une part aux poussières (ensemble des activités de broyage sous hall caréné), d'autre part aux bruits (déchargement des bumpers de 50 T sous hall à double isolation des bardages, procédure de tir spécifique pour réduire à 2 mm/s² l'accélération horizontale et verticale des masses rocheuse, la norme officielle autorise 10 mm/s²) et au paysage (décaissement de la plate-forme de traitement, couleur des bâtiments traités en ton naturel, écran visuel boisé avec l'assistance de l'ONF masquant la plate-forme, front de taille vieilli par aspersion d'un film de végétalisation (brevet développé en collaboration avec le CEMAGREF) et non de peinture comme sur des sites voisins.
"Toutes ses améliorations ont été réalisées avec le souci d'intégrer le site dans son environnement, qui compte également à proximité deux autres exploitants du massif (La Provençale qui exploite deux gisements avec beaucoup moins de précautions notamment visuellement que la société OMYA, et un site Nobel qui utilise une ancienne carrière pour faire de la soudure à l'explosif des tôles de blindage composite des chars Leclerc et frégates "Furtives"). Celui-ci génère d'importantes ondes de choc, nuisances sonores et de poussières de nitrate car les charges explosent à l'air libre (pas en fond de trou de mine.)
"Ces efforts ont été mis en oeuvre sous la pression des opposants, mais aujourd'hui c'est certainement l'exploitation la plus propre et silencieuse que je connaisse. Le site couvre une garrigue infranchissable en dehors des chemins forestiers, très peu exploitable pour la vigne, l'aigle de bonellie s'est installé dans cette zone car il y trouve du gibier à découvert, son domaine est couvert par un arrêté de biotope conformément à la réglementation européenne sur les espèces protégées. Cet arrêté a réduit de 20 % la surface initiale d'exploitation autorisée de la carrière.
"Les deux espèces végétales rares mais non protégées du fait d'une prolifération sur des sites existants par ailleurs, concerne une tulipe sauvage entre autre, elles font l'objet d'une identification des zones de villégiature et ne sont pas couvertes par l'exploitation, des zones de transfert ont été mis en oeuvre pour sauvegarder localement les espèces, à contrario une espèce végétale non indigène à envahi la garrigue à partir d'une agriculture d'élevage.
"Il est toujours dommage que les évènements aient pris cette tournure, les hommes ont toujours tendance à confondre dialogue avec... j'ai raison, ils doivent céder!
"Les industriels de toutes natures essayent de répondre à un besoin en faisant, il est vrai, un bénéfice, mais c'est la loi économique du monde entier.
"Dans le cadre du développement durable pour l'homme sur cette planète. Il est vital de leur faire prendre conscience et je pense qu'il est nécessaire d'avoir des associations qui défendent le droit de chaque individu, mais également un peu de leur intérêt personnel "not in my backyard", je ne crois que très peu aux Don Quichotte de la Plancha.
"Mais il faut savoir prendre le temps de discuter de mettre en place démocratiquement des instances de surveillance, rester vigilant certes mais sans lutte véhémente qui s'envenime par une hyper médiatisation(par exemple pourquoi la balise de mesure des poussières en bas de vallée disparaît régulièrement rendant impossible toutes corrélations avec les balises du col, comment le feu s'est-il propagé lors de l'incendie volontaire de la ligné téléphonique du site en menaçant les habitations)
"La raison doit l'emporter, mais bien souvent des intérêts et un orgueil sans faille nuisent aux solutions, c'est vrai le site est magnifique, c'est vrai Omya a fait des efforts pour entendre les voix des opposants et offrir des garanties autres que pécuniaires, des solutions techniques de réduction des impacts.
"Alors pourquoi poursuivre une lutte? Pour maintenir un souvenir qui ne se fait pas refermer les plaies d'orgueil est-ce bien nécessaire? Oui, si c'est pour maintenir une vigilance, surveiller, enregistrer les éléments et critères mesurables, se servir de ce site pour valider les choix techniques et faire avancer le monde industriel et écologique dans un seul but mieux préserver ensemble ( et non pas les uns contre les autres) notre environnement."
Pour le grimpeur, Vingrau, Tautavel, évoquent des falaises, l'escalade. S'il n'y avait que ça, ces lieux mythique ne seraient pas grand chose. Vingrau et Tautavel c'est avant tout un terroir, un vigoble et des noms réputés pour lezs gourmets et les fines gueules. C'est en matière de vin, une appellation contrôlée et des propriétés de renom comme le Clos des Fées (Tautavel, Vingrau, Maury, Bélesta)