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Qu'est-ce qu'un produit phytosanitaire? Son utilisation, sa composition, son rôle, les interdits, les risques

- Etymologiquement, un produit phytosanitaire est un produit qui soigne les organismes végétaux.

Il s'agit d'une substance active ou d'une association de plusieurs substances chimiques ou micro-organismes, d'un liant et éventuellement d'un solvant éventuellement accompagnés d'adjuvants ou d'un tensioactif. Les phytosanitaires font partie de la famille des pesticides, elle même englobée dans la famille des biocides. L'expression "produit phytosanitaire" est couramment employée dans un sens proche de produit phytopharmaceutique, défini par la règlementation communautaire, ou de produit antiparasitaire contre les ennemis des cultures défini par la règlementation française, ou encore de pesticide.

Les substances actives sont minérales (ex: sulfate de cuivre) ou organiques (ex: carbamates);
Elles sont d'origine naturelle (ex: Bt), ou issues de la chimie de synthèse (ex: glyphosate). Dans ce cas il peut s'agir de la reproduction par l'industrie chimique de molécules naturellement biocides isolés dans la nature (Ex: les pyréthrines de synthèse, inspirées de molécules produites par des plantes de la famille des Chrysanthèmes et ayant des vertus acaricides, antiparasitaires, anthelminthiques et surtout insecticides).
Le produit phytosanitaire est destiné à protéger des espèces végétales cultivées (y compris des arbres), à en améliorer les rendements.
Il agit en tuant ou repoussant leurs pathogènes (animaux, végétaux, bactéries (Les bactéries (Bacteria) sont des organismes vivants unicellulaires procaryotes, caractérisées par une absence de noyau...), virus..), parasites, plantes concurrentes (végétaux ou des parties de végétaux jugés ou parfois organismes nuisibles,
Il est homologué et autorisé pour un ou plusieurs usages, qui peuvent varier selon les époques ou les pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue restreinte (de l'ordre de...).
Il est aussi utilisé pour le contrôle (Le mot contrôle peut avoir plusieurs sens. Il peut être employé comme synonyme d'examen, de vérification et de maîtrise.) d'organismes vivants non désirés sur des zones non cultivées (Dans ce cas le mot phytosanitaire ne semble pas toujours adéquat. On peut lui préférer le mot de pesticide).
Il peut limiter la croissance de certains végétaux (Des inhibiteurs de croissance ou raccourcisseurs de tige permettent un entretien moins fréquent ou une limitation de la verse),
Il peut enfin assurer une meilleure conservation des graines et des fruits.

- Catégories phytosanitaires

On parle de:

Le terme phytosanitaire exclut les substances nutritives du type engrais ou oligoéléments sauf quand il s'agit de mélanges d'engrais et de produits phytosanitaires.

- Conception d'un pesticide

Un pesticide est composé d'un ensemble de molécules comprenant:

1) une (ou plusieurs) matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses trois états les plus communs sont...) active à laquelle est due, en tout ou en partie, l'effet toxique.

2) Un diluant qui est une matière solide ou un liquide (solvant) incorporé à une préparation et destiné a en abaisser la concentration en matière active. Ce sont le plus souvent des huiles végétales dans le cas des liquides, de l'argile ou du talc dans le cas des solides. Dans ce dernier cas le diluant est dénommé charge (La charge utile (payload en anglais ; la charge payante) représente ce qui est effectivement transporté par un moyen de...).

3) Des adjuvants qui sont des substances dépourvues d'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) biologique, mais susceptibles de modifier les qualités du pesticide et d'en faciliter son utilisation.

Il existe de part le monde près de 100.000 spécialités commerciales autorisées à la vente, composées à partir de 800 matières actives différentes. 15 à 20 nouvelles matières actives s'y rajoutent tous les ans.

Les propriétés d'un pesticide découlent pour l'essentiel de la structure de sa matière active. Celle-ci présente 3 parties (ce découpage est artificiel, aucune partie ne pouvant être littéralement séparée):

Cette notion de solubilité est importante car c'est l'affinité d'un pesticide pour l'eau ou les corps gras qui va conditionner sa pénétration dans l'organisme cible.

- Les autres constituants: la formulation d'un pesticide

La formulation d'un pesticide vise a présenter la matière active sous une forme permettant son application en lui ajoutant des substances destinées à améliorer et faciliter son action. Ce sont les adjuvants. Ils comprennent des tensio-actifs, des adhésifs, des émulsionnants, des stabilisants, des antitranspirants, des colorants, des matières répulsives, des hémétiques (vomitifs) et parfois des antidotes.

La formulation d'un pesticide doit répondre à 3 objectifs essentiels:

Un code international de 2 lettres majuscules, placées à la suite du nom commercial indique le type de formulation. Les principaux types de formulation sont les suivants:

- Les présentations solides:

- Les présentations liquides:

- Les phytosanitaires sont-ils toxiques? Pourquoi?

Ils sont spécifiquement conçus pour tuer des organismes entrant en compétition avec les plantes cultivées ou nuisant à leur croissance ou à leur reproduction (mousses, champignons, bactéries, végétaux concurrents, insectes, rongeurs, acariens, mollusques, vers, nématodes, virus, etc.).
Ils sont donc nécessairement toxiques pour tout ou partie de l'Environnement, avec un impact plus ou moins étendu et rémanent selon les cas.
Les produits jugés les plus dangereux sont étiquetés comme tels.

- Utilisation

Le transport, la préparation et l'application des produits phytosanitaires présentent souvent des risques pour l'utilisateur s'il ne respecte pas certaines règles et précautions. Il lui faut:

Les produits phytosanitaires peuvent avoir des conséquences dommageables sur le manipulateur et l'Environnement. Une façon de limiter les risques est:

- Quantités

Après avoir atteint 120 000 t puis 100 000t, la France consommerait aujourd'hui environ 76.000 tonnes de produits phytosanitaires, ce qui la place au troisième rang (Mathématiques En algèbre linéaire, le rang d'une famille de vecteurs est la dimension du sous-espace vectoriel...) des utilisateurs mondiaux derrière les Etats-Unis en quantité absolue. Une fois ramené à l'hectare cultivé (5kg/ha/an) hors surface en herbe, la France serait au quatrième rang européen (selon le rapport INRA Pesticides, agriculture et environnement, lui même basé sur les chiffres donnés par les fabricants, qui ne tiennent pas compte de l'utilisation de stocks éventuels des années précédentes).

- Homologation

Le produit phytosanitaire est généralement mis au point par les firmes agro-pharmaceutiques.

Dans la majorité des pays, sa mise en vente et son utilisation sont soumises à une autorisation préalable (l'homologation ou autorisation de mise sur le marché) de l'autorité nationale compétente (en France le Comité d'homologation des produits antiparasitaires, et en Belgique le Comité d'agréation).

Pour être homologué, un produit doit suivre un parcours visant à démontrer son innocuité (absence de toxicité) pour:

Après dépôt par une firme d'une demande d'homologation pour une spécialité commerciale, sont établies:

Par exemple, une partie des tests concerne la toxicité aigue (effet d'une absorption ( En optique, l'absorption se réfère au processus par lequel l'énergie d'un photon est prise par une autre...) unique et massive) ou la toxicité chronique (effet d'une absorption régulière de petites doses), l'apparition de mutations, formation de tumeur (effet cancérogénique) malformation dans la descendance (effet teratogénique)...

Les effets sur l'environnement sont étudiés par l'analyse de leur influence sur les poissons, les oiseaux, les insectes, les microorganismes, mais aussi le processus de dégradation du produit dans l'air, l'eau et le sol.

Le produit est soit autorisé, soit reporté, soit refusé. Le produit autorisé l'est pour un ou plusieurs usages précis, définis par une plante cible (par exemple une culture de blé), un parasite cible (le puceron) et un type de traitement (des parties aériennes par exemple).

- Produit phytosanitaire retirés du marché et controverses

En dépit du processus long et complexe des homologations, certains produits antérieurement autorisés sont interdits en raison de leur dangerosité démontrée ultérieurement (pollution rémanente des eaux, apparition de résistance de souches, influence métabolique à long terme...).

En France, depuis plusieurs années, de nombreux produits phytosanitaires jusqu'alors autorisés (donc considérés comme efficaces et ne présentant pas de risque inacceptable) ont été interdits à la mise sur le marché et à l'utilisation. Ces produits sont appelés "Produits Phytosanitaires Non Utilisables" (PPNU).

L'utilisation de produits phytosanitaires retirés du marché est interdite et soumise à contrôle. L'article L.253-17 du Code rural prévoit des peines qui peuvent aller jusqu'à 30.000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement.

- Le cas de l'atrazine

Un exemple typique de changement de classification est celui de l'atrazine, utilisé massivement en France et dans de nombreux autres pays comme un herbicide d'une grande efficacité pour le désherbage du maïs. L'atrazine (comme toute la famille des triazines) est à présent reconnue comme à l'origine de pollutions majeures des nappes souterraines et des eaux de surface qui sont polluées à 50 % en France (par rapport aux normes édictées pour les triazines). Par exemple, en Bretagne, comme dans le Sud-Ouest et l'Ile-de-France, il est courant de trouver, dans des prélèvements d'eau potable, des taux de triazine dix fois plus élevés que le seuil autorisé de 0,1 microgramme par litre.
Jusqu'en 2002, la famille des triazines constituait les produits phytosanitaires les plus employés en France, utilisés à 80 % en termes de surface par les producteurs de maïs conventionnel. Ils avaient été introduits en 1962 et étaient caractérisés par une excellente efficacité et un faible coût. Protégé des UV solaires dans le sol, ils se sont avérés moins dégradables que ce qu'avait annoncé le fabricant. 9 ans après son interdiction en Allemagne, l'atrazine était encore le pesticide quantitativement le plus présent dans la pluie, et ses produits de dégradation (ex: désisopropyl--atrazine, déséthyl-atrazine) sont encore très présentes alors que la molécule-mère commence à disparaître.

En raison de sa toxicité et de sa pollution rémanente dans les eaux (molécule peu biodégradable), l'atrazine a été bannie en Allemagne puis après quelques années en France en 2001, comme le reste de la famille des triazines (mise en application en juin 2003 pour la France) après des années d'utilisation (1962-2003).

Ce revirement pourrait être lié à une prise de conscience progressive de la dangerosité de certains produits phytosanitaires, ou éventuellement aux deux condamnations de la France par la cour de Justice européenne pour avoir manqué à ses obligations en matière de qualité de l'eau. De nombreux autres produits sont en discussion, tel l'arsénite de soude (produit cancérigène très utilisé en viticulture). Le programme européen global de réforme écologique de l'agriculture prévoit d'interdire d'ici 2008 près de 400 produits jugés dangereux pour la santé de l'homme qui avaient été cependant agréés par la directive de 1991. (lien) L'arsénite de soude est dorénavant inutilisable en viticulture. Tous les résidus (bidons vides ou partiellement vides)ont été récupérés lors de collectes spécifiques organisées par les autorités compétentes. Des contrôles du Service Régional de la Protection des Végétaux (SRPV) peuvent être réalisés dans toutes les exploitations agricoles et des sanctions sont prévues en cas de détention de produits phytosanitaires interdits (=PPNU:Produits Phytosanitaires Non-Utilisables).

- Le Gaucho

Un exemple de cas très débattu au début du XXIe siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui signifiait race,...) est celui du Gaucho, accusé par les apiculteurs d'être à l'origine de la diminution importante de certaines populations d'insectes (abeille). Voir l'article sur le Gaucho pour plus d'information.

- Le DDT

Bien qu'interdit depuis longtemps dans les pays occidentaux, on en trouve encore des traces dans les graisses des animaux, mais aussi dans notre nourriture. Voir DDT.

- Normes et qualité

Les produits apparaissant sur le marché au début du XXI siècle sont réputés moins persistants que leurs prédécesseurs, mais ils sont souvent bien plus actifs à des doses parfois bien plus faibles (0,6 mg de matière active/m² pour une sulfonylurée utilisée pour le désherbage du blé). Il en va de même pour de nombreux biocides.

En Europe, la qualité des eaux destinées à la consommation humaine autorise une concentration maximale de produits phytosanitaires (insecticides, fongicides, herbicides) de 0,1 microgramme/l par substance ou de 0,5 microgrammes/l pour toutes substances (directive européenne 80/778/CEE, décret du 3 janvier 1989).

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- Et dans les Pyrénées....

Dans les Pyrénées, les produits phytosanitaires sont peu employés en montagne sauf dans certains fonds de vallées et sur le piémont. Dans des zones comme le Pays Toy (Hautes-Pyrénées) ils ne sont pas du tout employés. Bien souvent le fumier est préféré pour des raisons de coût et de disponibilité. Par ailleurs, dans l'hypothèse d'un usage sur des terrains de montagne, compte tenu de la multitude des ruisseaux permanents ou occasionnels, il serait matériellement impossible de respecter la distance de 5m sur de nombreuses parcelles.

Louis Dollo, le 2 juillet 2009