Le Laboratoire souterrain Canfranc, LSC, est situé dans le tunnel ferroviaire international du Somport, à Canfranc, dans les Pyrénées espagnoles. Le LSC est dédié à la recherche expérimentale en physique fondamentale et en physique des particules et astrophysique. En particulier, il étudie la physique des neutrinos (double désintégration bêta) et mène des recherches sur la matière noire (détection directe de WIMPs = Weakly interacting massive particles galactiques, interactions faibles de particules massives). Le LSC est géré par le groupe de physique nucléaire et des hautes énergies de l’université de Saragosse.
Le seul moyen d'étudier la matière noire qui compose 90% de l'univers et de comprendre le fonctionnement des neutrinos est de réaliser des expériences souterraines. Seule une grande quantité de roche permet d'annuler les effets des radiations cosmiques et la radioactivité ambiante qui faussent les expériences.
En 1986, le laboratoire de Physique Nucléaire et Hautes Energies de l'université de Saragosse recherchait un lieu adapté pour ses expériences. Le tunnel ferroviaire désaffecté du Somport était tout trouvé. A 780 mètres de l'entrée espagnole du tunnel deux salles de 10 m² accueillirent un premier laboratoire. Il fut complété en 1988 à 1200 mètres de l'entrée du tunnel par des préfabriqués posés sur la voie. A l'occasion des travaux du tunnel routier en 1994, un troisième laboratoire de 118 m² est aménagé perpendiculairement à la voie. En 2003, un nouveau laboratoire de 1.000 m² accessible depuis le tunnel routier, à l'abri de 900 mètres de roche va voir le jour.
Le laboratoire souterrain de Canfranc, peu connu du grand public, a réalisé une dizaine d'expériences sur la matière noire et les neutrinos. Unique en Espagne, doté d'un matériel scientifique de pointe, il fait aujourd'hui parti des grands laboratoires de recherche européens comme ceux du Fréjus et du Grand Sasso d'Italie.
Peu connu du public, le LSC a réalisé une dizaine d’expériences sur la matière noire, qui représente 90% de notre univers! Unique en Espagne et à la pointe de la technologie scientifique, il fait aujourd’hui partie des grands laboratoires de recherche européens, aux côtés de ceux du Fréjus et du Grand Sasso d’Italie.
Reliant la France à l’Espagne et long de 8 km, le tunnel ferroviaire international du Somport, à Canfranc, dans les Pyrénées espagnoles, abrite le laboratoire de Physique Nucléaire et Hautes Energies de l’université de Saragosse. Cette dernière a choisi ce lieu entre tous comme terrain d’expérimentation (privilégié) car seule une grande quantité de roche permet d’annuler la radioactivité ambiante qui fausse les expériences. C’est pourquoi les fondations du LSC (Laboratoire Souterrain du Canfranc) sont excavées dans la roche montagneuse.
Auteur: Diane-Audrey Charmoillaux Chargée de Communication / Formation / Recrutement - CEMENTYS
Une trentaine de privilégiés ont visité vendredi le laboratoire de physique fondamentale de l'université de Saragosse, niché entre les tunnels routier et ferroviaire.
Parmi les automobilistes qui empruntent le tunnel du Somport, peu se doutent qu'à quelques tours de roue de la galerie de jonction numéro 12, se cache l'un des trois laboratoires européens de physique fondamentale.
Vendredi, une trentaine de curieux, invités par l'office du tourisme de Bedous, ont pu visiter le laboratoire souterrain de Canfranc (LSC). Géré par un consortium composé du ministère espagnol de l'Économie et de la Compétitivité, la région Aragon et l'université de Saragosse, il se niche entre les tunnels routier et ferroviaire. Visite guidée par Pipo, un scientifique du laboratoire.
"Surprenant, très surprenant!" En reprenant le bus dans le tunnel du Somport, les visiteurs restent sous le coup de la surprise, avec le sentiment d'avoir passé deux heures dans un monde irréel. Venus de la vallée d'Aspe, du piémont et même de plus loin, la plupart sont là par curiosité.
Après un briefing au siège administratif du LSC, installé dans un grand bâtiment très discret derrière la mairie de Canfranc, le groupe rejoint le tunnel routier en bus.
12h30: halte à la galerie 12. Equipés d'un gilet fluo, les visiteurs pénètrent dans un sas. Température: 10 degrés.
Quelques minutes d'attente, toutes portes fermées, pour éviter la pénétration de l'air pollué du tunnel routier. Cheminement dans la galerie de jonction entre tunnels routier et
ferroviaire. On y accède rapidement après une petite halte devant la borne 12 qui rappelle que la sortie française est à 5,5 km et l'espagnole à 2,4 km.
A proximité de l'entrée du LSC, dans les ténèbres rocheuses, c'est la blancheur des murs qui surprend le plus. Chaussons bleus obligatoires avant de pénétrer dans un grand couloir.
A droite, une dizaine de portes s'ouvrent sur des petits ateliers. Chacun a son rôle pour alimenter l'ensemble du labo. Une qualité d'air exceptionnelle
Ici et là, se déroulent des expériences au long cours, où des détecteurs qui fonctionnent en permanence sont relevés périodiquement par les scientifiques. On pénètre bientôt dans la "salle blanche", un site ultra-protégé où la qualité de l'air est exceptionnelle. Cette salle est utilisée par les Français de l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay, à Paris, pour des expériences sur les neutrinos, une partie de la "matière noire".
En cours actuellement, dans une zone supersensible interdite à la visite afin de ne pas perturber les détecteurs, l'enregistrement des séismes de par le monde. Une équipe de chercheurs japonais suit plus particulièrement cette recherche.
La visite se poursuit pendant près d'une heure trente. Le groupe parcourt l'ensemble du site. Les données enregistrées par les détecteurs sont directement transmises au laboratoire engagé dans l'expérience. Ces expérimentations portent souvent des noms très poétiques qui donnent un peu de chair à la sécheresse de la matière: Rosebud, Anaïs… Quelque chose d'infiniment grand
La visite terminée, le groupe se retrouve dans la galerie de liaison. Quelques mètres le séparent du sas glacial, avant de retrouver le bus et le tunnel routier avec le sentiment qu'à quelques mètres de là, quelque chose d'infiniment grand se passe dans l'incognito le plus total.
La prochaine visite du laboratoire sous-terrain de Canfranc se déroulera ce jeudi 9 août, avec l'office de tourisme de la vallée d'Aspe. Il faut faire vite pour réserver car il ne reste que quelques places disponibles.
Programme de la journée : départ en bus à 9h de Bedous; à 10h, halte à Canfranc; à 11h : visite du laboratoire ; retour en vallée d'Aspe à 13h30. Egalement au programme, une visite
des villages de Borce et d'Etsaut. Prévoir le pique-nique. Dans le bus, un guide conférencier parlera de la haute vallée d'Aspe et de quelques-uns de ses secrets.
Se munir de papier d'identité. Tarif : 10 euros par personne, 8 euros pour les enfants de 6 à 14 ans.
Renseignements et inscriptions : office de tourisme de la vallée d'Aspe, tél. 05 59 34 57 57
Le laboratoire souterrain de Canfranc fait partie des 11 labos de physique fondamentale répartis dans le monde (trois pour l'Europe). C'est en 1985 qu'il s'est enraciné dans le tunnel ferroviaire du Somport, alors désaffecté. Une petite galerie de 6 m² puis une seconde sont investies par le Laboratoire de physique nucléaire et hautes énergies de l'université de Saragosse, qui commence ses premières mesures. Certains Aragonais voient d'un mauvais oeil cette activité dont ils ne retiennent que le terme de "nucléaire", avec de vives réactions en 1986.
Entre 1986 et 2005, deux nouveaux laboratoires de 120 m² sont installés: plusieurs expériences y sont menées, certaines pionnières au niveau mondial.
En 2003, débutent les travaux d'agrandissement, un ensemble de 1 400 m², accessible à partir du tunnel routier. Des galeries immaculées, blindées de cuivre, où l'air est renouvelé toutes les heures, et équipées d'un matériel de très haute technologie. L'investissement a été financé par des fonds européens, le gouvernement d'Aragon et le ministère espagnol de l'Économie. Le LSC est intégré à un réseau de 214 chercheurs de 15 pays. Une équipe scientifique et administrative permanente d'une dizaine de personnes est basée à Canfranc, renforcée par les chercheurs de l'université de Saragosse.
Un comité scientifique évalue tous les six mois les expériences menées. Des expériences qui se font sur du long terme, cinq ans la plupart du temps, et avec les analyses des données, chaque expérimentation peut durer une ou deux décennies.
Pour étudier les "événements nucléaires rares" les labos souterrains s'installent à l'abri dans des tunnels ou d'anciennes mines car la roche sert de muraille naturelle contre les radiations extérieures qui pourraient interférer sur les enregistrements des détecteurs. A Canfranc, on cherche à comprendre la "matière noire", l'inconnue qui compose 90 % de l'univers.
Ces recherches fondamentales sont utiles pour la médecine (radiographie, tomographie…), pour les énergies renouvelables (pour des panneaux solaires ultra-efficaces), en électronique (nouveaux matériaux pour les processeurs…), en communication (internet, technologies GPS…), mais aussi pour la datation radioactive à des fins d'analyses policières et même oenologiques. On apprend ainsi que l'on peut connaître l'année d'un vin sans ouvrir la bouteille…
Auteur et photos: Odile Isern
Source : La République des Pyrénées le 5 août 2013