Logo Facebook
Contact
Vous êtes ici: Accueil > Environnement-Pyrenees > Ecologistes-Ecologie > Aspe-Goute-Eau-Petetin >

La Goutte d'eau, haut lieu de la résistance contre le tunnel du Somport, installé symboliquement dans l'ancienne gare de Cette-Eygun depuis plus de 20 ans, a été évacuée sous contrainte des huissiers. C'est toute une histoire de la vallée qui, le 25 octobre 2005, se termine. Une page se tourne pour le mouvement écologiste qui signe un cuisant échec en laissant des traces dans la vallée d'Aspe et sur toutes les Pyrénées.

De retour à la gare de cette Eygun en décembre 2010, Eric Petétin a fait l'objet d'une nouvelle expulsion qui a débouché sur un accord avec RFF qui a peu de chance d'aboutir.
Février 2012, RFF rompt l'accord

- Les opposants au tunnel du Somport seront expulsés de la Goutte d'eau (gare de Cette-Eygun) en vallée d'Aspe

C'est sans aucun doute l'épilogue de 14 ans de luttes acharnées conduites par une poignée d'hommes que le temps avait fini par désigner comme les Apaches. D'autres auraient dit des irréductibles car ici, nous ne sommes pas dans l'Arizona, mais au pied des Pyrénées, dans cette vallée d'Aspe où le tipi ne fut rien d'autre qu'une gare désaffectée de Cette-Eygun. C'est là qu'est installée depuis 1984 l'association de la Goutte d'eau qui a toujours refusé la réalisation du tunnel du Somport inauguré en janvier 2003. Hier, le tribunal de grande instance de Pau a ordonné l'expulsion des opposants. Le propriétaire, Réseau ferré de France (RFF), avait intenté une action en référé pour récupérer ce local situé sur l'ancienne ligne Oloron-Canfranc. Le collectif n'a plus que huit jours pour quitter les lieux avec une astreinte de 152 euros par jour si la sentence n'est pas exécutée. On tourne incontestablement une page d'histoire au fin fond de cette vallée où l'âpreté des combats, qui ne fut pas sans rappeler celle des Gardarem du Larzac, fut personnifiée par le charismatique Eric Petetin. Même s'il a déposé les armes en 2000 en quittant la région, l'Apache renvoie à notre mémoire un drôle de palmarès: arrêté 49 fois par les forces de l'ordre, il fit 14 mois de prison (plus que Bové) et dut à Mitterrand d'être gracié.

Auteur: J.-M.D.
Source: La Dépêche du Midi du 24 juin 2004

- La Goutte d'Eau résiste

Il est loin le temps de la lutte en vallée d'Aspe contre le tunnel Somport menée avec acharnement, à grands coups de médiatisation, par celui que l'on nommait à l'époque "l'indien", à savoir Eric Pétetin. Le grand chef est désormais en exil sous d'autres cieux plus hospitaliers pour lui. Cependant, il a laissé des traces et son fief, "La Goutte d'Eau", anciennement la gare de Lescun/Cette-Eygun, est toujours occupé par de nombreuses personnes.
D'où un autre combat, RFF (Réseau Ferrés de France) voulant récupérer ce site, classé de surcroît. Car le statut législatif des occupants est on ne peut plus clair. Aucun bail ou contrat de location n'a été renouvelé. Les occupants du site doivent donc faire place nette.

L'affaire est passée devant les tribunaux qui ont prononcé un arrêté favorable à une expulsion. Suite à cela, les "locataires" de la Goutte d'Eau ont fait appel et sont dans l'attente d'une décision de justice.
"Ici, déclare l'un des occupants, c'est une maison ouverte à toute personne qui se trouve sur la route en difficulté. C'est une maison que l'on veut faire partager. Nous avons maintes fois été menacés d'expulsion. A une époque la municipalité voulait récupérer la gare pour en faire un musée ferroviaire avant de renoncer. Nous sommes une dizaine de permanents, mais nous pouvons loger 50 personnes sans compter, l'été, sur le terrain qui peut accueillir des campeurs. Nous ne sommes pas contre payer un loyer. Bien au contraire. Nous le demandons et souhaitons remettre le bâtiment aux normes (électricité, chaudière, toit)".

Il est vrai que pour certains le lieux est mythique et les gens viennent de partout. Le wagon (22 couchettes), en partie incendié, est toujours là. "On voudrait en faire un atelier son", précise-t-on. On reste également écologiste, quoique plus souple dans le actions, dénonçant l'élargissement de la route menant au tunnel. La gestion de l'ensemble est commune entre tous les permanents pour la plupart RMistes. Une marche de protestation contre l'expulsion jusqu'à Bedous est organisée aujourd'hui et se terminera par un concert de reggae.

Source: La Dépêche du Midi du 7 juillet 2004

- La fin de la Goutte d'Eau

Longtemps site symbolique de la lutte contre le tunnel du Somport, l'ancienne gare de Cette-Eygun, occupée par les membres de l'association La Goutte d'eau, a été évacuée hier.

Elle semblait inéluctable depuis l'épuisement de tous les recours en justice et elle a bien eu lieu dans la journée d'hier. L'évacuation de la Goutte d'Eau, nom donné dans les années 80 à l'ancienne gare de Lescun/Cette-Eygun, s'est déroulée dans le calme. "Les huissiers de justice nous ont demandé de venir car ils craignaient une forte mobilisation, mais tout se passe bien", affirmait en milieu de matinée le capitaine Desangles, adjoint au commandant de compagnie de gendarmerie d'Oloron, présent sur les lieux depuis 8h30 avec une douzaine d'hommes.

Mandatés par Réseau Ferré de France (RFF), propriétaire de la gare, Me Serge Mayoroff et Me Pierre-Yves Le Clézio, huissiers de justice associés à Oloron, ont demandé à la quinzaine d'occupants de la gare de vider les lieux. A contrecoeur, les résidents ont obtempéré sans se presser. "Ca ne sert à rien de résister. Mais regardez la date: ils nous expulsent juste avant le 1er novembre à partir duquel les expulsions sont interdites pour tout l'hiver. Résultat, une femme enceinte va dormir dehors. Grâce aux forces de l'ordre! "fulminait Haroun. "On nous a donné la matinée pour tout évacuer. Or, il y a ici des gens qui n'ont pas un sou mais qui ont accumulé beaucoup d'affaires au fil des ans. Ils sont obligés de partir. Qu'est ce qu'ils vont en faire? La Goutte d'Eau a toujours été un lieu qui accueillait les gens dans la m..." poursuivait le jeune homme, tout en aidant ses camarades à vider la bâtiment. "Nous, on n'est pas d'ici. On est arrivés de Bordeaux hier, pour empêcher cette expulsion, renchérissait Jérôme. Mais on a vu ici des gens qui s'exprimaient artistiquement, sans rien demander à personne. Ils vont être obligés d'aller sur Pau et de traîner. Comment voulez-vous qu'ils s'expriment dans la rue?".

Serrurier, déménageurs et maçons.
Faisant fi de ces observations et ignorant quelques invectives et cris de colère, les huissiers ont demandé aux résidents - qui n'étaient pas des squatters car au départ, l'occupation faisait l'objet d'un accord entre Réseau Ferré de France et La Goutte d'Eau - de porter leurs affaires à l'extérieur du périmètre de la gare. Une équipe de déménageurs, invitée par les huissiers, était également sur place pour vider le reste. Quant au serrurier qui s'est déplacé, toujours à la demande des huissiers, il n'a pas eu à intervenir. Contrairement à l'entreprise du bâtiment Bordatto d'Oloron qui est arrivée vers 11 heures et qui est de suite entrée en action.

Sans aller jusqu'à murer le bâtiment, les maçons ont bien oeuvré pour tenter d'empêcher une réoccupation immédiate. A l'aide de pieds de biche, les trois hommes ont en effet procédé à l'enlèvement de toutes les portes et de toutes les fenêtres de l'ancienne gare. Désormais ouverte à tous les vents, la bâtisse paraît inhabitable. Reste à savoir ce que feront ses anciens occupants, peu prolixes sur le sujet hier matin. Toujours est-il que l'évacuation s'est terminée sans incident, hier après-midi vers 16 heures. Les motivations des derniers occupants de La Goutte d'Eau n'étaient plus les mêmes, mais une longue page de l'histoire mouvementée de la lutte contre le tunnel du Somport s'est tournée ce mardi 25 octobre 2005.

Auteur Marcel Bedaxagar
Source: Sud-Ouest du 26 octobre 2005