La destruction annoncée du Moncaut à Bruges dans les Pyrénées-Atlantiques ne laisse pas indifférent les amoureux de la nature, de la randonnée en montagne et du pastoralisme. La presse pyrénéenne commence à s'intéresser à cette situation qui concerne tout un pays notamment pour son approvisionnement en eau. Pourquoi ce secteur de montagne est-il classé Natura 2000 si c'est pour le détruire? Il y a des logiques administratives difficiles à suivre. Le collectif associatif opposé à ce projet suit cette affaire qui constitue une véritable atteinte à l'environnement et à la biodiversité sans véritable contre partie en matière de développement durable pour ce coin du Béarn.
Les 150 habitants du hameau Pédehourat de Louvie-Juzon en vallée d'Ossau et 550 signataires d'une pétition, utilisateurs ou connaisseurs du site, veulent éviter le pire: un environnement défiguré.
Loin de rester de marbre, les opposants se sont regroupés, le 29 mars dernier, en un collectif baptisé "les Amis de Mouncaut" (le Mont chaud) regroupant 100 adhérents (agriculteurs, chasseurs et écologistes). La polémique provient de la signature sans concertation d'une convention entre la municipalité de Bruges et la société Daniel pour l'exploitation d'une éventuelle carrière.
"Si administrativement, le site fait partie de la commune de Louvie-Juzon, explique Philippe Osanz, géomètre originaire de Pédehourat, il est propriété, de fait d'accords ancestraux de la commune de Bruges". D'où problème, les alentours du Mont chaud (15 ha) constituant une enclave, au sein du cadastre de Louvie-Juzon, faisant partie de tout un environnement unique.
"C'est un cul-de-sac avant la montagne, départ de nombreux sentiers de randonnées ou vers les estives". Le temps presse car la société Daniel a effectué les premiers sondages en septembre 2009 et leurs résultats seront rendus à la mi-juin. Ce qui attire l'entreprise c'est une roche verte, lherzolite (magmatique et très dure), réputée pour sa qualité dans la réalisation d'enrobés. Biodiversité, bruit et secousses (camions, explosions), poussière, boues sont autant d'arguments avancés par les opposants à l'égard d'un tel projet et leur rencontre avec Jacques Daniel le 27 avril n'a rien donné de concret ou de rassurant.
A l'argument écologique, s'ajoute celui concernant le pastoralisme. "La carrière, risque de rendre l'herbe impropre à la consommation, souligne Pascal Rechou, éleveurs de bovins. L'avantage que nous avons c'est que nous travaillons sur de l'extensif sur la base de bovins viande, ovins lait et quelques équidés". Plus de 50% des éleveurs du secteur transhument. "C'est un point stratégique. C'est là que les animaux descendent quand les sources se tarissent en amont. Pour déplacer les troupeaux tout se fait à pied. Avec la carrière cela s'avèrera caduc". Pas étonnant que les groupements pastoraux de Bruges (12 éleveurs) et de Louvie (15 éleveurs) aient rejoint les rangs de l'association.
L'eau est également au centre des préoccupations comme le précise Romain Veau qui envisage de reprendre une pisciculture en aval du site. "Le Mouncaut est un bassin versant constitué d'un ensemble de sources, de résurgences et de trous d'eau alimentant le Bazest. "Nous n'avons aucune certitude quant à la qualité et au débit des eaux à venir à l'aval de la carrière". l Philippe Delvallée
Une balade sur le site et un grand pique-nique de protestation sont organisés le lundi de Pentecôte (départ 10h 30 de Pédehourat). Le seul avantage que pourrait représenter la carrière c'est l'emploi. "Nous ne sommes pas contre l'emploi, insiste Philippe Osanz. L'implantation de la carrière ne laisse entrevoir que des emplois précaires ou des salariés venus d'autres sites. En revanche, elle menace des emplois actuels transmissibles (élevage, quatre gîtes et restaurants vivant des randonneurs, pisciculture)". Si le site est compatible à une exploitation, les 15 ha de départ accordés peuvent se multiplier. "Passage de camions ou bande transporteuse sont incompatibles avec le goulot d'étranglement que représente Pédehourat. Nous sommes en site Natura 2000 et le Grenelle II impose un bon fonctionnement des écosystèmes" ajoute Danièle Hiriart, conseillère municipale à Pau mais native du village.
Auteur: Ph.delvallée
Source: La République des Pyrénées du 14 mai 2010
Les habitants du petit hameau de Pé-de-Hourat [Ndr: également orthographié Pédéhourat] à Louvie-Juzon sont inquiets. La commune voisine de Bruges à qui appartient les terrains a loué pour 30 ans une parcelle de montagne du massif de Moncaut aux Carrières Daniel. Le carriériste est en train de réaliser des études pour savoir si le gisement de lherzolite est exploitable.
Les habitants de Pé-de-Hourat voient ses études d'un mauvais oeil. Ils craignent les nuisances: bruits, explosifs, conséquences sur les cours d'eau. Ils organisent un grand pique-nique revendicatif le 24 mai à 10h30.
Le maire de Bruges estime que les habitants mettent la charrue avant les boeufs. "Nous en sommes à la phase des études. Ensuite il y aura enquête publique, c'est là qu'il faudra intervenir. Et puis il faut encore que la LGV se fasse!" La lherzolite est une roche très dure, utilisée notamment pour les pistes d'aéroport ou les voies de TGV.
Source: Sud Ouest le 12 mai 2010