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"Ils veulent ma peau!".
C'est par cette phrase laconique que Jean Lassalle commentait, en privé, la situation de l'IPHB le 20 juillet dernier. Cette fois, c'est fait. Par lettre du 31 mai 2006, Nelly Olin, Ministre de l'Ecologie et du Développement Durable, demande à l'IPHB de lui faire parvenir le bilan de ses actions en faveur de la protection et de la restauration de l'ours brun en Béarn dans un délai d'un mois. Douze ans d'action de l'institution à résumer à une ministre qui manifestement se moque du monde puisque durant toutes ces années les services déconcentrés de l'Etat, Préfets successifs en tête, ont participé aux travaux. Ces braves fonctionnaires doivent avoir la mémoire courte tout en ayant perdu les comptes rendus de réunions dans le labyrinthe des services.

Le 10 juillet, le Comité Syndical du Syndicat Mixte du Haut-Béarn délibère sur ce rapport qui est transmis à la Ministre le 19 juillet. Certes, il y a du retard. Mais une structure de concertation a des règles de dialogue et de démocratie à respecter. Aujourd'hui nous avons un bilan dont nous avons pu nous procurer un exemplaire et que nous vous livrons tel qu'il a été transmis à Madame Olin sous forme de diaporama. Le contribuable est ainsi informé. Il n'en est pas de même pour l'usage des fonds publics par certaines associations comme le FIP (Fond d'Intervention Eco-Pastoral) ou l'ADET... voir même FERUS.

La réponse ne s'est pas faite attendre. Le 31 juillet, la Ministre écrit: "... je vous informe qu'au terme des deuxièmes contrats pluriannuels de programme, à la fin de l'année 2006, mon département ministériel ne participera pas au renouvellement de ces contrats, fixant les moyens de financement mis à disposition de l'institution."
Mais elle poursuit: "...s'agissant de votre participation à la conservation de l'ours ne saurait bien évidemment s'appliquer aux actions que vous pouvez conduire dans d'autres domaines d'activités et qui ne sont pas en rapport avec la sauvegarde de l'espèce ursine..."
En clair, l'IPHB peut encore exister comme structure de dialogue et mener d'autres actions. Mais pour quel dialogue? Quelle concertation? Sur quels sujets?

Jean Lassalle tire deux conclusions dans la lettre qu'il adresse aux membres de l'IPHB:
1/ La Ministre a passé moins de temps à étudier le dossier de 12 ans d'activités de l'IPHB dans le domaine de l'ours qu'il a fallu de temps pour le préparer.
2/ "Partout où il n'y avait pas l'IPHB, ça a marché!.... C'est en effet le sentiment qui s'impose en suivant l'actualité quotidienne dans la Haute-Garonne, avec la manifestation de 5.000 personnes à Bagnères de Bigorre le 13 mai 2006 et le procès de Saint-Gaudens le 20 juillet 2006, dans les Hautes-Pyrénées en ce moment, en Ariège... ainsi qu'avec les loups dans les Alpes..."

Alors que les associations pro-ours appellent au dialogue sans trop le vouloir d'ailleurs, la Ministre préfère poursuivre la politique de rupture débutée par le Ministre Lepeltier le 13 janvier 2005 en décidant une introduction avant d'engager une concertation.

Manifestement, le pouvoir central n'aime pas le dialogue, qu'il soit dirigé par la droite ou la gauche ou par des Verts. D'ailleurs, il faudrait se poser la question de savoir si Madame Olin milite toujours à l'UMP ou si elle est devenue porte parole de Madame Voynet tout comme son prédécesseur Lepeltier mis à l'écart de France-Ecologie la veille de la manifestation folklorique pro-ours de Toulouse.

Jusqu'où ira Madame Olin dans sa logique?
Le FIEP sera-t-il également écarté de toutes actions en faveur de l'ours ou sera-t-il renforcé pour assurer le rôle que l'Etat n'a jamais joué quelque soit le lieu dans les Pyrénées? Les éleveurs et groupement pastoraux du Béarn continueront-ils à jouer le jeu avec cette association partisane et pas spécialement ouverte au dialogue et à la transparence comme la très grande majorité des associations écologistes? Le FIEP remplacera-t-il l'IPHB?

Voilà bien des questions aux quelles il faudra répondre dans les prochaines semaines. Puisque l'Etat veut tout faire, tout gérer, tout organiser (ce qui est un peu contradictoire avec d'autres actions de décentralisation) obtiendra-t-il des actions volontaires des acteurs locaux pour la préservation de l'habitat de l'ours comme ce fut le cas avec l'IPHB? Car, maintenant, plus personne n'est obligé à rien et tout est possible y compris le pire.

A la lecture du bilan de 12 années de gestion, que reproche-t-on à l'IPHB? D'avoir abuser de l'argent du contribuable? Apparemment non. La Cour des Comptes n'a rien retenu de semblable.
De ne pas avoir une aussi bonne reproduction d'ours dans le Béarn que dans les Pyrénées centrales? En somme, la rentabilité de l'élevage d'ours n'est pas bon? L'ADET fait mieux? Peut-être en élevage d'ours mais sur le plan humain, nous ne pouvons que constater une totale faillite.

En écartant de manière constante l'IPHB du dialogue et de l'action, il semble bien que, même le Ministère, se méprenne sur le terme "Développement Durable". Je suis curieux de savoir ce qui se passera dans les années qui viennent....

Au fait, combien a coûté l'introduction de 4 ours cette année, comparé aux 12 années de l'IPHB? Le saura-t-on un jour?

Louis Dollo, le 5 août 2006

- Documents à consulter

- - Le développement durable ou développement soutenable....

"Un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs". (Cf. Rapport Brundtland)
Et il est précisé:
"Pour y parvenir, les entreprises, les pouvoirs publics et la société civile devront travailler main dans la main afin de réconcilier trois mondes qui se sont longtemps ignorés: l'économie, l'écologie et le social. A long terme, il n'y aura pas de développement possible s'il n'est pas économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable."

Source: Ministère de l'écologie et du développement durable