Chaque année, depuis 2006, l’IPHB est confrontée à des problèmes de trésorerie et d’établissement de son budget. Au-delà de ces sujets, elle est régulièrement exposée à des critiques de gestion, d’orientation voir même d’existence. Depuis 8 ans, la région Aquitaine s'efforce de ne pas payer sa contribution ou en repousse le versement. Avec le changement de majorité en 2012, le département des Pyrénées-Atlantiques se met également de la partie. S'y ajoute également la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) qui prend manifestement une sorte de plaisir jouissif à créer des conflits réguliers. Il n'est pas facile de comprendre ce qui se passe réellement dans ce contexte dont les conséquences portent sournoisement atteinte à la vie des éleveurs et des bergers au développement économique, social et environnemental, en un mot, le développement durable des vallées béarnaises.
Contrairement à ce que certains pensent, l’IPHB n’est pas une association qui agit et décide de l'usage de l'argent public sans aucun contrôle démocratique. C’est une collectivité territoriale soumise aux règles du droit public. Et, dans ce domaine, il n’y a pas de collectivité plus surveillée que l’IPHB, notamment par la Chambre Régionale de la Cour des Comptes. Il serait opportun que beaucoup d’autres collectivités soient autant contrôlees.
En 2010, au cours d’une réunion de l’IPHB, François Maitia (PS), Vice-président du Conseil Régional d’Aquitaine, demandait publiquement au Président de l’IPHB, Jean Lassalle (Modem), de "réduire la voilure". L’IPHB a-t-elle encore une voilure? De quelle voilure parlait-il? Il ne l’a jamais précisé. S’agit-il d’une nécessaire réduction de voilure ou du respect des engagements des partenaires publics? En fait, récemment, l'Etat a mis plus d'un an à verser ses subventions qui permettaient les interventions en estive par héliportage.
L’IPHB a un domaine de compétence essentiellement tourné vers le pastoralisme. A sa création, il y a 20 ans, il ne restait que 5 familles sur les estives, aujourd’hui toutes les cabanes ont été rénovées, l’eau est contrôlée et soixante-deux familles ont désormais l’électricité. Et le pastoralisme de montagne en Béarn est un des plus vivants de France. Tout cela grâce à des actions proches du terrain, partagées entre bergers et IPHB, avec des personnels compétents et engagés dans la vie des vallées. Le secret de la réussite est le dialogue, l’échange, la concertation et la décision commune. Dans ce domaine, l’IPHB est une vraie démocratie participative ouverte à tous. Il suffit d’assister aux réunions pour s'en rendre compte. La presse y est toujours invitée et dispose des mêmes documents que les membres et élus contrairement au Parc National des Pyrénées où les conseils d'administration ont lieu à huis clos.
Malgré cela, certains élus, notamment du Conseil Régional et du Conseil Général, continuent à alimenter des débats stériles comme des gosses dans une cour de maternelle. Pire! Ils ne prennent même pas le temps de lire et appliquer les statuts de l'Institution pour s’enfermer dans leur obscurantisme politique. C’est notamment le cas pour l’Audit de l’IPHB. Que de temps et d’énergie perdus pour rien, à moins que ce ne soit volontaire pour enterrer l’IPHB
Depuis 8 ans, l'IPHB peine à boucler son budget pour des raisons strictement administratives. Depuis 8 ans, il faut passer par des procédures infernales, proches du délire intellectuel, pour en arriver tout simplement à ce qui doit être. Depuis 8 ans on nous parle de la fin de l'IPHB et depuis 8 ans, les seuls à subir les conséquences de ces contraintes stupides sont les bergers béarnais, les entreprises, notamment locales, qui travaillent pour eux et les personnels de l'Institution. Aucun de ces tourments n'affectent le Président Jean Lassalle, hors l'aspect moral de la situation, dont nous comprenons qu'il est personnellement visé pour des raisons politiques sans liens avec les objectifs de l'IPHB. Sont encore moins affectés par ces contraintes, les élus politiques et les services de l'Etat. Pire encore, certains élus, mais aussi Parc National et DDTM sur certains dossiers, peu soucieux de l’intérêt commun, notamment celui des éleveurs du Béarn et du pastoralisme, créent ou favorisent des actions parallèles. C’est le cas pour l’héliportage dans les estives. Organiser la division, créer des complications administratives pour les financements et les paiements…. Autant de comportement manifestement faits pour détruire ce qui a réussi en 20 ans.
Pour nous faire notre propre opinion, nous avons voulu comparer cette institution à trois autres institutions aux missions similaires. Nous avons retenu trois critères pour deux ratios comparatifs les plus objectifs possibles en dépassant toutes les querelles ci-dessus.
Pour les critères, nous avons retenu le budget de fonctionnement, pas toujours évident à obtenir, le nombre de salariés et la superficie du territoire de compétence.
Pour les ratios nous avons retenu le coût de fonctionnement / la superficie de compétence et la superficie / le nombre de salariés.
Institution Patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB) | Parc National des Pyrénées (PNP) | Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques | Office National des Forêts (ONF) | |
---|---|---|---|---|
Budget de Fonctionnement (en €) | 630.000 | 7.500.000 | 8.000.000 | 6.300.000 |
Nombre de salariés | 6,5 | 80 | 75 | 65 |
Territoire de compétence (en ha) | 100.000 | 46.000 | 500.000 -12.000 agriculteurs | 80.000 |
Compétences | Agro-pastoralisme Forêt Eau Environnement Développement Durable | Environnement Protection | Agriculture 64 | Forêt publique |
Coût/ha | 6,3 €/ha | 163 €/ha | 16 €/ha 667€/agriculteur | 78 €/ha |
ha/salarié | 15.400 ha/salarié | 575 ha/salarié | 6.700 ha/salarié 160 agriculteurs/salarié | 1.230 ha/salarié |
Le tableau ci-dessus est clair. Si la "voilure" doit être réduite pour faire des économies comme le suggérait dès 2010 François Maïtia, ce n’est pas à l’IPHB qu’il faut chercher. Le Parc National des Pyrénées est largement en tête suivi de l’ONF. Sachant que l’ONF a déjà fait de gros efforts sur le nombre de personnels, nous pouvons nous interroger sur les actions et l’efficacité du Parc National et de son Président André Berdou par ailleurs Conseiller Général, siègeant à l'IPHB, alimentant les polémiques de maternelle et les dissidences d’héliportage.
Au simple regard de ce tableau, peut-être que la solution la plus efficace et la plus économique se trouve dans certains transferts de missions du Parc National et de l’ONF vers l’IPHB. Mais l’avenir le moins coûteux est, à l’évidence, l’IPHB.
Les coups tordus montés contre l'IPHB dépassent les rivalités politiciennes locales. Il s'agit, ni plus ni moins, de mettre la main sur le territoire et ses ressources: prairies, forêts, eau. Un bien commun géré démocratiquement, sur le terrain, par les communes, les éleveurs et la population qui ne figure pas dans la comptabilité nationale répondant aux standards du FMI. À contrario, les parcs nationaux, totalement gérés par l'État, font partie des actifs naturels inclus dans cette comptabilité pour rassurer les créanciers. On comprend mieux pourquoi le gouvernement et ses relais locaux voudraient faire disparaître l'IPHB, et privilégient du même coup le parc national des Pyrénées.
Louis Dollo, le 10 août 2014
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